Vous avez un WMS ? Parfait. Mais qui trace vos rayonnages ?

Vous avez un WMS ? Parfait. Mais qui trace vos rayonnages ?

Vos colis sont scannés en temps réel, vos stocks localisés au mètre près. Mais qu’en est-il de vos structures ? Racks à palettes, mezzanines, plateformes : ces piliers silencieux de votre logistique sont souvent absents des systèmes de suivi. Pourtant, ce sont eux qui portent toute l’activité. Soumis aux chocs, aux charges, aux modifications, ils évoluent… souvent sans aucune trace. Et si votre WMS performant masquait un point faible critique : l’absence de traçabilité de vos installations ?

Traçabilité des structures : un angle mort trop courant

La traçabilité est devenue un réflexe dans la gestion des flux logistiques. Mais vos structures — racks, mezzanines, plateformes — sont-elles suivies avec la même rigueur que vos produits ? Trop souvent, la réponse est non.

Pourtant, la norme NF EN 15635 impose des inspections régulières, la vérification des ancrages, l’affichage des charges admissibles, et un contrôle annuel par un expert qualifié. Elle est complétée par l’INRS ED 771, qui définit les responsabilités en matière de conception, d’exploitation et de maintenance.

Ces référentiels ne sont pas optionnels : ils servent de base aux contrôles, audits ou expertises après sinistre. Ne pas les appliquer, c’est s’exposer.

Les enjeux opérationnels et les dérives fréquentes

L’absence de traçabilité rigoureuse des structures entraîne plusieurs risques majeurs. D’abord, au niveau humain : une structure non maîtrisée peut s’effondrer, provoquer un accident, interrompre l’activité, abîmer les marchandises et engager la responsabilité juridique de l’entreprise.

Ensuite, en cas d’audit externe ou de visite client, ne pas produire un dossier technique complet expose à des non-conformités sévères, voire à la suspension d’activité. Par ailleurs, un rack endommagé voit sa capacité de charge diminuer drastiquement (jusqu’à 30–40%), ce qui peut créer des surcharges dangereuses.

Et pourtant, selon plusieurs estimations, plus de 90 % des entrepôts industrialisés disposant d’un WMS ne tiennent pas un registre technique à jour de leur infrastructure.

Un vrai dossier rayonnage, c’est quoi ?

Un bon dossier n’a rien de complexe. Il est simplement structuré et accessible. Il doit contenir :

• Les plans d’implantation avec dates et versions ;
• Les fiches techniques des composants (fabricant, référence, charges admissibles) ;
• Les PV de réception ou de vérification à la mise en service ;
• Les rapports d’inspection internes (réguliers) et externes (annuels) ;
• L’historique des modifications, incidents, interventions, avec dates et intervenants ;
• Les photographies avant/après chaque opération ;
• Les échanges (emails, courriers) avec prestataires et fournisseurs.

Chaque document constitue une brique essentielle : si une structure est modifiée ou déplacée, sans mise à jour de ce dossier, toute conformité et toute évaluation de risque sont compromises. La consolidation de ces informations dans une GED ou un drive partagé, avec accès sélectif, garantit la traçabilité et la pérennité du contrôle.

Encore faut-il qu’il soit à jour…

C’est là que le bât blesse. Entre les documents éparpillés, les classeurs oubliés, ou le fameux “on le retrouvera”, la traçabilité est souvent fictive.

Voici les bonnes pratiques pour garder votre dossier rayonnage vivant :

• Désigner un responsable (QHSE, maintenance, logistique…)
• Intégrer une procédure claire en cas de modification
• Centraliser les documents (GED, drive, simple tableur collaboratif)
• Sensibiliser les intervenants à documenter leurs actions

Vers un pilotage de la traçabilité pragmatique

Pour éviter la dérive vers un « bureau oublié », il est indispensable de faire vivre le dossier :

1. Nommer un référent structure (souvent en QHSE, maintenance ou logistique) avec un rôle clair.
2. Définir une procédure formelle de signalement et validation en cas de modification (changement, remplacement, réparation, démontage).
3. Centraliser les documents dans un outil collaboratif simple et accessible.
4. Former les équipes à reconnaître un événement à documenter : un choc chariot, une nouvelle plaque, un changement d’ancrage.
5. Instaurer des check-lists pré- et post-modification, basées sur le modèle “hebdo – mensuelle – annuelle”.

Les technologies au service de la fiabilité

Les acteurs les plus avancés combinent traçabilité et digitalisation :

• Numérotation laser ou RFID de chaque élément structurel, pour un suivi unitaire de chaque montant ou traverse.
• Capteurs IoT et inspections robotiques pour détecter en temps réel les déformations ou collisions.
• GED reliée à des outils de compliance (alerte automatique lors d’un retard d’inspection), voire des plateformes sectorielles dédiées (ProSafeCon, Damotech).

Structurer la traçabilité de vos rayonnages peut, de prime abord, sembler contraignant. En réalité, c’est un levier stratégique : vous réduisez les risques d’accident, améliorez l’exploitation de vos capacités, fiabilisez vos interventions, et gagnez en crédibilité face aux clients, auditeurs et assureurs.

Conclusion

Une traçabilité claire et à jour n’est pas un luxe, c’est un prérequis pour accéder aux marchés exigeants, aux extensions d’assurance ou aux appels d’offres encadrés.

Un WMS dernier cri qui ignore l’état de ses structures reste un outil incomplet. À l’inverse, un dossier rayonnage actif et normé (NF EN 15635, INRS ED 771), enrichi de procédures et de supports digitaux adaptés, devient un véritable pilier de performance, de sécurité et de pilotage logistique.

Avant la trêve estivale ou la reprise de septembre, c’est le bon moment pour initier la démarche : Faites l’inventaire, centralisez les données, nommez un référent. Vous ne sécurisez pas seulement vos installations, vous renforcez toute la chaîne de confiance autour de votre entrepôt.